L’îlot de l’Aubette constitue un site remarquable, donnant sur la place Kléber à Strasbourg, il est constitué d’un grand bâtiment classique composé par François BLONDEL et du bâtiment des "Petites Boucheries" construit au tout début du 20ème siècle dans un style néo-gothique renaissant germanique.
La charge historique du site est encore renforcée par l’aménagement de l’ensemble du bal de l’Aubette à la fin des années 30 dans l’aile Ouest du bâtiment de l’Aubette. Même si cette "œuvre d’art total" voulue par Théo VAN DOESBURG et Hans HARP fut un relatif échec, c’est une valeur universelle dont dispose la ville et qu’elle a su mettre en valeur en restaurant tout l’ensemble de l’étage de la brasserie avec le ciné - bal, la grande salle du dancing et l’escalier monumental qui y conduit.
Le style classique, le style néo renaissant germanique et le classicisme du mouvement moderne forment un ensemble de valeur qu’il nous a fallu relier par une action répondant aux besoins comme à l’imaginaire de notre époque et permettant d’accueillir de nouvelles fonctions.
C’est donc le traitement de la cour intérieure entre les deux grands corps de bâtiment qui va être le lieu principal de notre intervention.
C’est un choix "immatériel" que nous avons conçu pour ce lieu en révélant par la lumière les architectures existantes, en proposant un "cadrage" des vues adapté à la géométrie et à la nature des façades.
Nous avons mis en place un grand plafond de verre opaque et réfléchissant du côté du bâtiment classique pour refléter les arcades majestueuses du bâtiment de BLONDEL et transparent et lumineux du côté néo renaissant germanique pour donner à voir l’ensemble de la façade toute en découpes et sculptures de pierre, toiture d’ardoise et lanterneaux de cuivre.
Le sol reprend cette dichotomie en jouant le contraste inverse, sol bois sombre sous la verrière et pierre naturelle claire au droit des miroirs sombres.
Toute la structure très complexe de câbles et de verres des façades et de la toiture, conçue avec RFR, disparaît au service de ces jeux de contraste et de lumière qui marquent l’espace mais "dématérialise" l’architecture.
Les étages supérieurs du bâtiment des "Petites Boucheries" sont occupés par une résidence de tourisme qui s’ouvre sur la rue de la Haute Montée ou sur une cour intérieure totalement réaménagée. Une quarantaine de logements sont installés, tous différents et adaptés à l’architecture existante. La cour paysagée amène un véritable havre de paix en cœur du centre-ville de la capitale européenne.