La qualité architecturale d’un ensemble urbain s’exprime par l’atmosphère qui se dégage des lieux davantage que par la conception de ses bâtiments.
L’espace central de Broussais, est un véritable havre de paix. Le silence y règne et les oiseaux ne sont pas perturbés par les bruits de la ville. Le ciel est partout ; la lumière pénètre largement, sans les ombres portées des constructions voisines, car il n’y en a pas. Avec leurs tons roses, bordeaux et bruns, les façades forment une toile de fond pour la végétation, présente et future. C’est cette ambiance que nous avons tenté de préserver, en concevant un projet respectueux du « genius loci », première expression architecturale et paysagère du futur ensemble. Au-delà, notre objectif fut d’offrir des espaces de travail, d’échanges et de détente en accord avec une certaine exigence de qualité de vie, pour des personnes qui exercent un métier difficile.
Pour qu’une opération de reconversion soit pertinente, sur le plan fonctionnel comme sur le plan économique, il faut avant tout qu’il existe une bonne relation entre la forme et la fonction, c’est-à-dire entre les bâtiments existants et les usages qu’il est envisagé d’y installer. Les proportions et la disposition des ailes qui composent l’hôpital Broussais sont particulièrement contraignantes. Malgré cela, le programme de bureaux et de locaux d’enseignement de la Croix Rouge Française a pu y être installé, en respectant certaines exigences de proximité entre tel ou tel service, sans nécessiter de coûteuses modifications structurelles. L’architecture a ainsi été conservée et mise en valeur.
Il était cependant impossible de conserver la circulation centrale existante dans chaque bâtiment, qui aurait perturbé le fonctionnement des unités fonctionnelles. Le concept d’une circulation latéralisée a donc été développé. Elle s’exprime par une double façade : une paroi totalement transparente est appliquée sur les façades, côté jardin. De cette façon, une animation est créée par la vue des déplacements des personnes, qui, à l’inverse, peuvent jouir de la vue du parc.
Le regroupement des services de la Croix-Rouge Française, auparavant répartis sur plusieurs sites, a notamment pour objectif de favoriser les rencontres et les échanges tout en permettant la mutualisation de certains équipements. Le concept architectural proposé permet le regroupement, au centre même de la composition, des éléments partagés par tous : bibliothèque, restaurant, cafétéria, salle de réunion et dans le futur, musée de l’humanitaire. La reconfiguration d’une ancienne cuisine et le remplacement de l’un des redents par une architecture contemporaine forment un ensemble nouveau, largement ouvert sur le parc, qui exprime clairement cette volonté de partage et d’échange voulue par les initiateurs du projet.
A l’exception de quelques accès logistiques, l’ensemble est fermé sur l’extérieur. Une grande entrée, dans l’axe de la composition et proche de la rue Didot, regroupe les fonctions d’accès, de contrôle et d’orientation. Des panneaux rouges révèlent, par anamorphose, le dessin d’une croix rouge. A travers des parois largement vitrées, les visiteurs et le personnel aperçoivent dès leur arrivée le parc et l’architecture des anciens pavillons, mis en scène en quelque sorte depuis un belvédère, point focal de la composition architecturale.
Philippe Robert